Article paru le 11 Octobre 2009 dans le Journal du Dimanche
Faut-il légaliser les mères porteuses? La réponse est oui pour 65 % des Français, révèle une étude réalisée pour Le Journal du Dimanche et l’émission Zone interdite (ce dimache à 20 h 45 sur M6), consacrée ce soir à ces couples qui ont recours à la gestation pour autrui (GPA) et à ces femmes qui portent l ’enfant d’une autre.
L’idée progresse dans l’opinion publique: en janvier, ils étaient 61 % à se déclarer favorables à la légalisation des mères porteuses, selon un sondage réalisé par Ipsos. Les partisans de la légalisation sont encore plus nombreux chez les femmes (68 %), les 25-49 ans (68 %) et les 25-34 ans (71 %), sans doute plus sensibles au désir d’enfant et au problème de la stérilité. Trois mois après la clôture des états généraux sur la révision des lois de bioéthique, prévue au premier semestre 2010, la philosophe Sylviane Agacinski, qui s’insurge contre ce qu’elle appelle "le marché des utérus", fait face à une opinion publique de plus en plus intéressée par la solution que peut représenter, la gestation pour autrui. Plus d’un Français sur deux (55 %) affirme qu’il aurait recours à une mère porteuse si cela devenait légal et qu’il ne pouvait avoir d’enfants. Plus étonnant encore: 52 % des sondés considèrent que ces femmes devraient être rémunérées.
"C’est un changement complet et inédit de relations humaines"
Au même titre que l’IVG, la GPA suscite un débat de société. L’Académie de médecine en était convenue au moment de rendre un avis négatif, en mars dernier, sur sa légalisation. "Ce n’est pas un progrès scientifique. C’est un changement complet et inédit de relations humaines", indiquait le rapport, ajoutant que, "par la nature des problèmes qu’elle soulève, la GPA interpelle avant tout la société et relève de la décision du législateur." Depuis 1994, la France prohibe la gestation pour autrui, passible d’une amende de 15 000 euros et d’une peine d’emprisonnement d’un an, doublées si les faits ont été commis "à titre habituel ou dans un but lucratif". De plus en plus de couples prennent néanmoins le risque de faire appel à une mère porteuse. Elle se pratique en France, dans la clandestinité, où des femmes vont parfois jusqu’à échanger leur Carte vitale. Ou à l’étranger…
En Floride ou au Canada, eldorados de la GPA. En Belgique, même si la mère intentionnelle et biologique n’a aucun droit sur l’enfant. En Angleterre, malgré un délai de rétractation rébarbatif. Plus récemment en Grèce, où tout est très encadré mais également très compliqué pour un couple étranger. Beaucoup se tournent alors vers d’autres destinations plus accessibles mais sans aucune éthique, notamment l’Ukraine et, plus récemment, l’Inde, où les mères porteuses représentent un véritable business.